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La marche dans les reliefs du paysage est une métaphore de nos vies. Le chemin est le lieu où elles se déploient en ses crêtes, ses vallées, ses gouffres, ses cols et ses sommets. 

Le paysage visible et invisible en est l’habitat, le miroir. Il nous dépasse, nous inspire, nous possède.




- Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Je suis né (1988) et ai grandi en Provence et dans les Alpes du Sud, la où le bassin versant de la Durance et du Rhône se rencontre, au sein des massifs des Alpilles, des Ecrins, du Queyras, du Vercors et du Dévoluy. Enfant, je suis marqué par de nombreuses expériences et récits de grimpe, d’ascensions et de bivouacs en montagne, de périples dans le lointain et d’ateliers. Mes parents étaient artisans et paysans.

Après une longue marche seul à traverser les Alpes juste après ma majorité, j’effectue une série d’autoportraits photographiques dans ces paysages. Lors de ces performances une sensation intense envahit mon corps, comme dissout dans l’espace couvert par les roches, les glaces, les êtres qui l’habitent.

Les années suivantes, j’arpente le chemin principalement par la marche et les moyens terrestres, d’abord par un périple initiatique au départ de Gare de Lyon. A pied et par le train jusqu’aux terres lointaines d’Asie du Sud, le retour par les steppes de Sibérie deux années durant lesquelles le périple m’a façonné. S’en suivent des pérégrinations à travers l’Asie, l’Afrique, où je développe plusieurs projets artistiques guidé par les rencontres fortuites du paysage, qui me conduit dans les zones volcaniques du Danakil, le Sahara, le massif des Rwenzory (Congo/Ouganda). J’y réalise plusieurs séries photographiques, et explore d’autres médiums comme la peinture, la video.

Après ces longs et distants projets, une page plus rapprochée où l’échelle se réduit, un atelier aux abords de la forêt à Avon, m’ouvre sur ce qui est là, qui m’entoure au quotidien. Je passe plusieurs années à parcourir la Forêt de Fontainebleau, y naissent des installations dans le milieu naturel, partagées lors de marches en commun.

- Quand et comment est né ce projet ?

Récemment, lors d’une traversée des Pyrénées, il y eu une évidence, d’avoir cette démarche de partage à présent, et de mener un groupe à arpenter le paysage, pour y passer un temps en commun, le vivre, l’habiter, ensemble.

“ Traversée ” unit cette intention et ma démarche artistique. Une envie profonde de partager ces moments, pour ensemble aller marcher dans le paysage durant un temps, y échanger, y recevoir et tisser des liens, l’observer, se laisser envahir et écouter en commun, pour être au monde.



- D’où vous vient votre intérêt pour la marche ?

La marche jalonne mon quotidien depuis toujours, qu’elle soit de quelques heures à plusieurs années, elle constitue le rythme de mes journées, de mes années. Son relief est une métaphore de nos vies. 

Le paysage est le lieu où se déploie la marche, ses crêtes, ses vallées, ses gouffres, ses cols, ses sommets. Visible et invisible, il est l’habitat et le miroir de nos vies, il nous dépasse, nous inspire, nous possède.

- Proposez-vous des marches en toute saison ?

Chaque saison ouvre un cycle mensuel de marches singulières à travers les paysages de France, des hauts cols du Queyras en été, aux lumières d’automne des Cévennes, ou pour s’envelopper dans les forêts des hauts-plateaux du Vercors au printemps, jusqu’aux traversées du massif de Fontainebleau ou être emporté par l’éclat des calanques en hiver. 

Le paysage et ses habitants ont toujours à nous dire, chaque saison est occasion d’aller marcher.

Les cheminements sont possibles pour tous âges et tous niveaux. Le matériel nécessaire varie, et l’on prend le chemin avec un sac léger pour des nuits en gîtes, ou un sac à dos un peu plus lourd pour l’itinérance lors de nuits à la belle étoile. 


- Comment imaginez-vous vos itinéraires ?

Ils sont une ligne à arpenter de façon éphémère. Ancrés dans la saison le tracé enveloppe le groupe qui le parcourt, porte un dialogue entre arpenteurs et paysage. Les itinéraires sont façonnés par les lieux qu’ils traversent. 

D’une balade de quelques heures à un périple sur plusieurs jours, la marche invite à soi et surtout aux rencontres que le chemin nous offre, une invitation à être au monde. Chaque parcours invite aussi au dépouillement que la marche suggère, le sac sur notre dos constitué des seules choses nécessaires.


Dialogue avec Margault Antonini, pour Regain Magazine, mai 2022.